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La répression financière
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Présentation du livre
« Faites-nous de bonne politique, je vous ferai de bonnes finances »,
disait le baron Louis, ministre sous la Restauration et sous Louis Philippe, à Guizot en 1830. A plus d'un siècle de distance Charles de Gaulle lui faisait écho, lorsqu'il déclarait que la politique de la France ne se faisait pas à la corbeille. La continuité dans l'affirmation de la primauté du politique sur le financier est révélatrice. La finance comme l'intendance, doit suivre. Mais comme l'intendance, elle jouit d'une faible considération. Soupçonnée d'être improductive, voire parasitaire, elle peut susciter l'envie ou la méfiance, mais non l'admiration.
On retrouve aujourd'hui dans les circonstances difficiles de la stagflation contemporaine la même attitude dans le débat de politique économique. L'épargne - l'autre face de la finance - est la grande absente. Les keynésiens comme les monétaristes ne l'estiment guère.
Pour les premiers, elle est jugée dangereuse parce que chroniquement surabondante et donc responsable des récessions et de la stagnation. Cette conception pouvait s'expliquer dans le contexte particulier de la Grande Dépression. La sous-utilisation des hommes et des machines attribuée à une insuffisance de la demande par excès d' épargne permettait d'espérer qu'une augmentation des dépenses suffirait à ranimer la croissance. Des investissements supplémentaires n'étaient pas nécessaires. Il était du même coup inutile de se préoccuper de l' épargne. Le problème financier ne se posait pas.
Mais les circonstances ont changé si les idées persistent. Nous connaissons depuis la guerre des périodes de croissance soutenue où les entreprises privées et le secteur public rivalisent dans la recherche de fonds trop rares. Cette situation nouvelle n'est pas suffisamment prise en compte par les rivaux monétaristes des keynésiens. Leur analyse reste également globale et repose sur un concept peu précis dont la mesure pratique est nécessairement sujette à caution. Pour les monétaristes, en effet, la seule réalité qui vaille d'être étudiée est la forme la plus liquide de l'épargne, alors que sa masse globale comme sa répartition entre divers autres instruments financiers n'ont qu'une importance secondaire.
L'épargne s'accroît automatiquement avec la richesse nationale, et l'essentiel est dit. Le souci premier reste, dans toute la mesure du possible, de limiter, d'encadrer, de corseter la croissance du stock de monnaie, même s'il faut pour cela réduire l'activité bancaire par l'imposition de réserves obligatoires, voire par rationnement du crédit.
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